Nebraska

Fort de ses premières armes de brassage amateur en 1992, Paul Kavulak s'est lancé dans l'expérimentation d'un hobby à la fois divertissant et parfois rafraîchissant. Pendant environ 13 ans, et avec l'aide précieuse de sa femme Kim, ce hobby a connu des moments d'excellence, mais aussi des moments de panique et de science forensique. Une constante a alimenté cette dynamique : le désir de créer une bière meilleure, chaque dimanche passé à travailler sur une recette prometteuse.

Avance rapide jusqu'en 2005, et une nouvelle tentative de brassage d'une Cardinal Pale Ale au nez de Cascade digne d'intérêt. Tout bon scientifique modifie une seule variable et compare les résultats à un témoin. Dans ce cas, le témoin était le nez de la Sierra Nevada Pale Ale – une bière vive à l'arôme prononcé de houblon Cascade. Malheureusement pour Paul, les modifications étaient trop légères et donnaient des résultats bien trop subtils pour créer une bière correspondant à cette fourchette. Après une journée de travail plutôt stressante, et de retour chez lui pour vérifier l'avancement de cette cuvée, Paul fut pris d'un profond dégoût face à une bière qui n'atteignait pas ses objectifs. Dans un accès de rage, juste avant de vider la cuvée, Paul saisit le grand sac de houblon Cascade qu'il avait sous la main et en vida tout le contenu dans le fermenteur désormais ouvert. Pour apaiser son dégoût et mettre un terme à ses efforts, il jeta le couvercle du fermenteur et s'éloigna.

Deux semaines plus tard, plus serein, Paul retourna sur les lieux du crime pour vider et nettoyer le matériel. En retirant le couvercle du fermenteur, l'air se remplit des arômes que Paul recherchait. Après avoir constaté que la bière n'avait subi aucun dommage lors de cet instant de haine, Paul décida de la terminer et de la gazéifier pour tester le résultat. C'est à ce moment d'évaluation que, sous la lumière, il se dit : « Je suis sûr que je peux vendre cette bière. » L'instant d'après, la panique s'empara de lui lorsqu'il réalisa qu'il n'existait aucune trace du nombre d'onces déversées dans la bière pour obtenir le produit fini. Un calcul avec les lots précédents ayant utilisé le houblon de ce sac révéla les quantités, et l'idée se tourna vers la création d'un lieu pour créer et commercialiser cette bière et d'autres.